Commémoration au mémorial para-commandos Me and my Pal
On 14/09/2023 Non classé Commentaires fermés sur Commémoration au mémorial para-commandos Me and my Pal No tagsDécouvrez le texte de l’allocution de Monsieur le bourgmestre Olivier MAINGAIN ci-après…
Monsieur le Colonel représentant Madame la ministre de la Défense,
Messieurs les Généraux,
Monsieur Schüte, Colonel et 2ème adjoint du Bourgmestre de Detmold,
Mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers et soldats,
Chers collègues du Collège et du Conseil communal,
Mesdames, Messieurs en vos titres et qualités,
Dames en heren in uw titels, hoedanigheden en kwaliteiten,
Chers para-commandos,
Chers élèves,
Woluwe-Saint-Lambert est une commune où l’innovation et la tradition sont intimement liées. 9 ans après l’inauguration, par le Collège des bourgmestre et échevins, de ce 1er monument érigé dans l’espace public en Belgique dédié aux unités para-commandos, nous voici réunis pour un nouveau moment d’émotion et d’histoire.
L’œuvre du sculpteur belge Thierry Lauwers rend hommage à tous les para-commandos, qu’ils soient tombés au cours de leurs missions ou qu’ils se soient nouvellement engagés dans cette unité d’élite. Le message est évident : solidarité, fraternité, entraide.
Het werk van de Belgische beeldhouwer Thierry Lauwers is een eerbetoon aan alle paracommando’s, of ze nu zijn gesneuveld tijdens hun missies of recent lid zijn geworden van deze elite-eenheid. De boodschap is evident : solidariteit, broederschap, wederzijdse ondersteuning.
Cette année, l’hommage est notamment rendu aux para-commandos qui ont participé, de 1953 à 1962, en collaboration avec la Force publique congolaise, à la défense des territoires d’outre-mer qui étaient à l’époque administrés par la métropole belge.
Dit jaar wordt in het bijzonder hulde gebracht aan de para-commando’s die van 1953 tot 1962 samenwerkten met de Congolese openbare macht om de overzeese gebieden te verdedigen die toen door de Belgische metropool werden bestuurd.
Hommage est également rendu aux 38 militaires, dont 29 para-commandos, tués lors d’un tragique accident d’avion de la force aérienne belge (15e wing) à Detmold, en Allemagne, le 26 juin 1963. Suite à l’annulation d’une mission de parachutage en raison de conditions climatiques défavorables, l’avion survole le champ de tir de Sennelager en vue d’atterrir. Les dernières munitions d’une section de mortier sont tirées juste après l’ordre de cesser le feu et un obus percute et enflamme l’appareil.
Le 1er sergent major Edmond Chabot parvient à ouvrir une porte latérale de l’avion et ordonne à ses hommes de sauter. 9 parachutistes ont survécu. Le 1er sergent major Chabot n’aura pas le temps de sauter. Son courage illustre la symbolique de l’œuvre de Thierry Lauwers.
Si cette cérémonie constitue un nouveau moment d’émotion et d’histoire, c’est notamment grâce à sa prestigieuse assemblée. La ténacité du Comité du monument, pilier de l’organisation de cet événement patriotique, est, à cet égard, à saluer. (Je ne veux par ailleurs par manquer de remercier les agents et services communaux impliqués.)
Je souhaite chaleureusement remercier Monsieur Helmut-Volker Schüte, 2e adjoint du bourgmestre de Detmold, qui nous fait l’honneur de sa présence.
Ich möchte Herrn Helmut-Volker Schüte, zweiter Stellvertreter des Bürgermeisters von Detmold, herzlich für seine Anwesenheit danken.
M. Schüte est né à Detmold en mai 1953, un peu plus de 10 ans avant le tragique accident qui vient d’être évoqué. Si l’agriculture, la lecture et les voyages le passionnent, ce papa de 3 enfants s’est consacré de 1972 à 2003 à l’armée, qu’il quitte en tant que Colonel, et à la vie politique locale depuis 2014. Outre sa fonction de conseiller municipal et de 2e adjoint, il est également vice-président de la commission de la culture, du tourisme, du marketing et des établissements d’enseignement. Sans aucun doute, des compétences essentielles qui concourent au rayonnement de cette ville du land de Rhénanie Westphalie.
Lorsque je cherche à me représenter toutes les conséquences de la guerre d’agression dont l’Ukraine est victime, la crise frontalière post-soviétique entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dont on parle si peu, et c’est à tort, ou encore le déchaînement de la violence qui perdure à la frontière de la République démocratique du Congo et du Rwanda – le conflit le plus meurtrier après la Seconde Guerre mondiale – mais je pense aussi à d’autres drames, susceptibles de conduire à d’autres conflits, tels que la pénurie d’eau qui concernera, en 2025, près de 2 milliards de personnes, la malnutrition qui est la cause aujourd’hui de 45 % des décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde, les vagues d’incendies en Grèce et dans d’autres pays, suivies d’inondations torrentielles meurtrières, lorsque nous prenons conscience de ces drames humains, il me semble important et opportun de réserver une plus grande attention aux cérémonies mémorielles comme celle d’aujourd’hui car si l’histoire ne se répète jamais de manière identique, souvent les mêmes causes, dont la redoutable indifférence des opinions publiques face à la montée des extrémismes et radicalismes, conduisent aux mêmes désastres pour la démocratie et toujours à la remise en cause de la dignité humaine. Et les missions et actions de nos forces armées et de leurs alliés consistent principalement à venir en aide aux populations victimes de ces guerres et catastrophes, dont je n’ai fait qu’un énoncé sommaire.
Cette cérémonie est donc également un moment fondamental et indispensable de mémoire et de transmission. C’est une fierté pour notre commune et ses autorités, qui soutiennent inlassablement l’initiative de ce type d’événement, d’y associer les enfants des écoles communales. Je remercie de leur présence les élèves de la 4e année primaire de l’école Parc Malou – Robert Maistriau, cette école qui porte le nom d’une personnalité de la Résistance au cours de la Seconde Guerre Mondiale, un homme de courage qui ne voulut pas en retirer quelque reconnaissance mais qui, avec d’autres membres du groupe G ont permis de ralentir la course du 20e convoi qui transportait des Juifs de tous âges et particulièrement des enfants, vers les camps de la mort. Fidèle à cet engagement humanitaire, il fut, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un homme de paix qui s’engagea dans une action de soutien à l’éducation des enfants du Congo. Cet homme à la sincérité touchante est un rappel permanent pour les enfants de cette école de ce que signifie avoir des valeurs humaines.
Face à la montée continue des extrêmes en Europe et dans le monde, mais aussi en Belgique – je pense à l’inquiétante simplification du discours politique au Sud du pays qui conduit à la résurgence d’un parti communiste maoïste et à la montée des relents extrémistes de plus en plus ouvertement racistes au Nord du pays – il est singulièrement important d’associer les enfants aux commémorations pour leur expliquer en quoi ces menaces risquent de peser sur leur avenir.
La réponse à ces menaces ne peut être que rationnelle, c’est-à-dire fondée sur les connaissances, la capacité d’analyse et l’argumentation étayée. La vigilance démocratique doit être fondée sur une pédagogie convaincante car toutes les formes d’obscurantisme et dogmatisme ne peuvent être tenues en échec que par l’argumentation claire des esprits libres et audacieux.
Arthur Koestler, écrivain hongrois né dans une famille juive de langue allemande dénonce avec raison en 1940 toutes les formes de totalitarisme. Dans son ouvrage célèbre Le zéro et l’infini, inspiré des procès de Moscou et des purges staliniennes que Poutine remet à l’ordre du jour de manière glaçante, il fait écrire à son personnage ces mots, dans son journal, à propos du parti communiste : « Nous sommes assujettis à la terrible obligation de suivre notre pensée jusqu’à ses ultimes conséquences et d’y conformer nos actes ».Terrible enchainement de l’endoctrinement qui conduit au lavage de cerveau et à l’abandon de tout esprit critique. L’œuvre de Koestler nous en rappelle toute l’importance, même si, à la fin de sa vie, il n’en a pas fait preuve car, en s’éloignant de la lucidité d’avant, il s’est laissé entraîner par les remugles de l’extrême droite en France.
C’est avec les enfants qu’il faut façonner le monde demain, en les dotant des outils nécessaires pour affronter la complexité du monde et promouvoir la paix. En l’occurrence, réjouissons-nous d’avancées notoires, comme la scolarisation des enfants qui ne cesse d’augmenter à travers le monde. En 2000, 15 % des enfants n’avaient pas accès à l’enseignement fondamental, contre 8 % en 2019.
Je conclus avec ces mêmes mots repris de mon discours de l’année dernière : soyons tous des citoyens de l’Europe unie et volontaire, continuons d’agir, avec clairvoyance et volontarisme, pour porter haut la paix et les valeurs démocratiques.
Olivier MAINGAIN,
Bourgmestre